Tandis que beaucoup d’auteurs algériens ont choisi d’écrire en français comme Yasmina Khadra, Assia Djebar, Kateb Yassin, Malek Hadad, et Mohamed Dib ; d’autres, plus jeunes, ont choisi d’écrire en arabe comme Ahlam Mosteghanemi, Waciny Laredj et Abdel Wahab Issawi ; d’aucuns ont écrit également dans les deux langues comme Rachid Boujedra et Amin Zaoui. La langue amazighe figure aussi parmi les langues de préférence de certains, ainsi que la langue anglaise. Je vais parler cette fois-ci d’Abdel Wahab Issawi, qui est un jeune auteur algérien d’expression arabe, né seulement en 1985, et qui travaille comme ingénieur de maintenance dans un établissement public pour des installations techniques.
Il a publié son premier roman en 2013, intitulé Cinéma Jacob, qui a reçu le premier prix du roman du concours présidentiel, et dont le lieu principal se trouve à Djelfa, sa ville natale, et plus précisément au Cinéma Jacob qui s’y situe. Sa collection Champs de saule a été louée au prix Sharjah pour la créativité en 2013. Puis, a reçu en 2015 le prix Assia Djebar pour la fiction pour son roman "Sierra de Muerte", dont les héros sont des communistes espagnols qui ont perdu la guerre civile et ont été emmenés dans des camps de détention en Afrique du Nord, dont un camp situé à Djelfa. Cette œuvre a créé une grande dynamique parmi les critiques en Algérie. En 2017, il a reçu le prix Katara pour son dernier roman non publié L’Acte des oubliés. Dans ce roman qui peut être mis dans la catégorie des romans historiques, ou qui reposent sur l’Histoire (comme l’auteur préfère les nommer), tout comme Sierra Muerte, relate la bravoure d’une armée irrégulière durant la guerre d’Algérie, et où il est cité encore une fois le nom de Djelfa, bien qu’il n’ait pas connu cette guerre, vu son très jeune âge.
D’autres écrivains ont écrit aussi sur la guerre d’Algérie comme Mohamed Dib, Taher Watar et Mouloud Feraoun. Mais Issawi, quant à lui, nous emmène à travers les mondes psychiques et les tréfonds des soldats de cette armée : leurs déceptions, leurs joies et leurs illusions. Dans cette dernière œuvre, il utilise une terminologie biblique comme avons réalisé à travers le nom de l’œuvre l’Acte des oubliés calqué sur «Acte des apôtres » ; ainsi qu’un des chapitre est nommé « le deuxième Exode » ; et ce, afin glorifier l’image de ces soldats et leur donner un caractère saint. Quant à la langue de cet écrivain, il utilise un arabe très classique mais compréhensible et agréable en même temps, où tu plonges dans la beauté des métaphores, des répliques coraniques, et oubliés pour quelque temps l’atrocité des batailles.
Mais, les écrivains algériens ont toujours affaire au français, car, comme le dit l’académicien et écrivain algérien Hassan Dawass, ils le considèrent comme un «trophée de guerre » et un outil d’ouverture aux cultures du monde entier. Tandis que d’autres considèrent l’arabe comme marque de leur identité surtout après l’arabisation qui a eu lieu dans les écoles en Algérie. Pour moi, que l’écriture soit en n’importe quelle langue, l’essentiel est la richesse et la beauté.